
RACONTER-RENCONTRER
50 ANS D’ART IMPRIMÉ
Du 3 juin au 21 septembre
RACONTER, c’est refaire un chemin parcouru, dessiner un futur ou faire état du présent. RENCONTRER, c’est s’ouvrir à l’instant, à l’altérité, à l’impromptu, au différend.
Les célébrations du 50e soulignent la présence de l’unique centre d’artistes de production dans les Laurentides : un espace de création ouvert à la recherche et l’expérimentation en art actuel qui soutient l’innovation et les savoir-faire en art imprimé. Rassembleur, il initie le premier partenariat entre les trois lieux de diffusion professionnels de la région des Laurentides.
Les œuvres présentées dans les différents lieux de diffusion portent un regard sur l’évolution, les singularités et le dynamisme du médium imprimé en constante évolution. Les artistes dont les œuvres sont exposées, ont travaillé, exploré et imprimé à l’Atelier de l’île entre 1975 et 2025. Une histoire collective, dans la rencontre d’un passé et d’un futur qui se raconte au présent.
En lien avec la programmation du 50e anniversaire, l'Atelier de l'île accueillera plusieurs artistes en résidences et en soutien à la production.
Résidence 5
Mark Johnsen
Du 19 au 30 mai 2025

Mark Johnsen, Lithographie sur vélin, sur pierre, mai 2025
Plus que Bienvenue/ More than welcome
Au cours de ma résidence de deux semaines à L’Atelier de l’île, mon intention est de créer plusieurs éditions de lithographies sur pierre, des monotypes uniques et une combinaison des deux procédés. L’œuvre s’inspirera de l’expression « Worn out welcome » (une connotation négative de la prolongation d’un séjour) et de l’impression offset/encrage direct de paillassons ou petits tapis d’accueil. En lien avec le thème « Récit-Rencontre », j’ai l’intention de me réapproprier cette expression dans un contexte positif, en intitulant l’œuvre « More than Welcome » et en transférant des paillassons d’accueil déjà utilisés sur des pierres lithographiques. Leur état usé est marqué par des années d’interactions, de salutations, d’adieux et de liens. Les paillassons seront collectés auprès de personnes de ma communauté immédiate à Vancouver, en Colombie-Britannique, et par le bouche-à-oreille/la collaboration avec des membres de la communauté de Val-David. En lien avec le travail réalisé dans un atelier de gravure autogéré par des artistes au cours des 50 dernières années, les paillassons symbolisent le passage du temps, les rencontres infinies, l'ouverture et, surtout, l'accueil. Le choix de travailler en lithographie renvoie à l'origine apparemment simpliste de la « Liste de blanchisserie » de Senefelder, témoignage de son évolution au cours de plus de 200 ans.
À propos de l'artiste
Mark Johnsen est un artiste visuel qui vit et travaille sur les territoires non cédés des nations Squamish, Musqueam et Tseil-Wathut, à Vancouver, en Colombie-Britannique. Il a cofondé Patio Press, un projet collaboratif et expérimental d’arts imprimés avec l'artiste Sara-Jeanne Bourget. Johnsen est titulaire d'un baccalauréat en beaux-arts en photographie du California College of the Arts (2012) et d'une maîtrise en beaux-arts d’Emily Carr University of Art + Design (2020). Il a exposé ses œuvres aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni, en Turquie, en Bosnie, en Espagne, au Japon, en Suisse et en Nouvelle-Zélande. Il est actuellement professeur adjoint en arts imprimés à Emily Carr University of Art + Design.
Résidence 4
Gabrielle Larocque
Du 12 au 23 mai 2025

N°3 – une documentation-portail : avril, frotti (esquisse)
Le projet les immatériaux de l’île est une enquête sur les mémoires de l’Atelier de l’île, étant nouvellement membre du centre. Par mémoires, j’entends toutes formes de
connaissances déposées dans les murs, les planchers, les tables, chaises, équipements, outils, retailles, poussières, etc. de l’Atelier et qui sont en dormance, peuvent être activé. Une collecte des récits associés aux objets de l’Atelier a été réalisé durant des conversations avec les autres occupant.e.s, en l’occurrence, les personnes utilisatrices de l’espace, à travers des dessins, des photographies, des frotti. En d’autres mots, les immatériaux de l’île est une manière de s’approprier les lieux tout en
reconnaissant ce qui s’y trouvait avant. Un plan de l’atelier a servi de support pour les trois compositions qui ont eu recours à différentes techniques de sérigraphie. Faire
confiance au processus reste une donnée importante du projet. En plus d’avoir rencontré les voix qui remplissent l’Atelier, j’ai découvert l’usage d’équipements inexistants dans mes gestes ou connaissances actuels. Je considère ainsi reconnaitre l’autre pour mieux me situer dans l’espace et m’autoriser son appropriation dans une perspective de soin et d’attention.
À propos de l'artiste
Issue des arts visuels et de l’anthropologie, Gabrielle Larocque s’intéresse aux méthodes, aux processus et modes de production de la connaissance, ce qui l’engage dans différents champs d’actions pratiques et théoriques, au-delà de la tour d’ivoire appartenant au système colonial et duquel elle hérite un bon nombre de privilèges. Son principal médium de recherche et de création est la relation qui s’établit au moment de collaborer. La sérigraphie comme l’écriture lui permettent de garder des traces de ces processus et de témoigner de(s) nouvelle(s) valeur(s) produite(s) à leur occasion. Plus les points de vue rassemblés dans la collaboration sont différents, plus il y a de possibilités de générer de la matière
Résidence 3
arkadi lavoie lachapelle
Du 5 au 16 mai 2025

Feuille de papier d’aubergine avec la technique « papyrus » Crédit photo: arkadi lavoie lachapelle
Manger le livre sans titre
En 2020, j’ai commencé à travailler avec le livre pseudo-scientifique « Le livre sans titre. Les conséquences fatales de la masturbation » (1830). Pour adresser la digestion du trauma collectif véhiculé par ce livre, j’ai imaginé de créer une version linogravée excitante et délicieuse des 16 illustrations. Ceci dans l’idée de créer la version livre d’artiste de la petite culotte mangeable!
Je m’intéresse aux conséquences psychologiques et physiologiques d’une culture dominante indigeste qui a engendré beaucoup de petits cacas nerveux par la peur de la puissance de sa propre chair.
L’aventure me permet de réfléchir à la dimension biodégradable de la création : si je ne peux pas manger mon œuvre, qui le ferra ? Les champignons et les vers de terre? Et si mon œuvre ne peut ni renaître ni mourir, qu’elle est sa pertinence?
Lors de ma résidence à l’Atelier de l’île, je réaliserai des tests d’impression sur différents types de papier comestible : papyrus de concombres et de daïkons, papier de style occidental créé à partir de fanes de carottes ou papier-crêpes de sarrasin.
Je remercie le Conseil des arts et des lettres du Québec ainsi que l’Atelier Retailles pour leur soutien à la réalisation de ces recherches.
À propos de l'artiste
Praticien-ne en art action, artiste visuel, poète et péda/andragogue, arkadi lavoie lachapelle a grandi en campagne dans une famille francophone de classe moyenne. Sa pratique se déploie depuis plus de dix ans dans la métropole québécoise. Diplômé-e en arts visuels et médiatiques à l’UQAM (2013), iel présente ses œuvres dans plusieurs expositions et festivals au Canada ainsi qu’en Europe. Impliqué-e dans sa communauté, iel est membre artiste de l’atelier Gham et Dafe et de L’Imprimerie-centre d’artistes. Finaliste du prix Pierre-Ayot (AGAC, 2020) et du prix Sobey (2023), lavoie lachapelle est appuyé-e par ses pairs en tant que récipiendaire de plusieurs bourses du CAC et du CALQ.
Résidence 2
JULIE ROCH-CUERRIER
Du 21 avril au 2 mai 2025


Julie Roch-Cuerrier,
Atlas du National Geographic, 2014, pigments d’atlas sur papier, chacun 28 x 38 cm; pigments d'atlas sablés, sachets de plastique identifiés, chacun 5 x 7.5 cm
Couleurs de l’île est le résultat d’un séjour de recherche et d’exploration de Julie Roch-Cuerrier dans les archives de l’Atelier de l’île. Durant sa résidence, elle s’est plongée dans la collection d’impressions afin de sélectionner cinquante œuvres représentatives des cinquante années d’existence du centre de production. Réfléchissant au concept d’archivage et à la tradition des processus d’impression, l’artiste a numérisé, réimprimé puis poncé méticuleusement la surface des œuvres, afin de séparer les pigments de leur support papier. Les poudres colorées recueillies ont ensuite été transformées en encres d’impression pour créer une série d’aplats de couleur. Réunies sous une nouvelle forme, des rencontres et des dialogues émergent des archives, évoquant un récit collectif et multiple. À travers ce processus d'effacement, Roch-Cuerrier remet en question la manière dont le matériel imprimé est un pacte entre des éléments tangibles et intangibles qui façonnent sa matérialité. En s’appropriant ainsi les œuvres de la collection, elle réfléchit à la manière dont s’écrit l’histoire de l’Atelier, questionnant ce qui s’actualise grâce à cette transformation. Dans cette mise en tension, entre les choix de préserver ou de transformer, l'œuvre fait état du présent et esquisse les couleurs du futur de l’Atelier
À propos de l'artiste
Julie Roch-Cuerrier est une artiste en arts visuels qui vit et travaille à Montréal, au Canada. Sa pratique est motivée par un désir d’investiguer, de capturer et de reconstruire sous forme matérielle la poésie du vivant. Axée sur la recherche et les processus, ses œuvres sont une réflexion sur le pouvoir évocateur des matières et notre rapport au monde et à ses phénomènes. Roch-Cuerrier est titulaire d’une maîtrise en arts du Royal College of Art et d’un baccalauréat en arts visuels de Concordia. Son travail a été présenté dans de nombreuses expositions individuelles et collectives au Canada et à l’international, notamment au Centre culturel Georges-Vanier, Livart, Sagamie, maison de la culture Rosemont-La Petite-Patrie, Skol, Expression, Verticale, Fondation Grantham et Blouin-Division. Sélectionnée pour exposer ses œuvres lors de la triennale du London Open au Whitechapel Gallery et à l’International Print Biennale de Newcastle, Roch-Cuerrier a également réalisé des résidences d’artiste au Banff Centre, Vaste et Vague, Sagamie, SOMA et National Glass Centre. Mise en nomination pour le StartPoint Prize et le Young Masters Art Prize, Roch-Cuerrier est aussi récipiendaire de bourses du Conseil des arts et du CALQ. Son travail a été commenté dans divers périodiques culturels tels que Espace Art Actuel, Vie des arts, Le Sabord et Le Devoir.

Sans titre (petit ouvrage) encre et graphite sur papier, 2024
Crédit photo Jean-Michel Leclerc
Résidence 1
JEAN-MICHEL LECLERC
Du 14 au 25 avril 2025
Le projet développé dans le cadre de sa résidence à l’Atelier de l’île se propose comme un espace de réflexion autour des formes que peuvent prendre, à travers l’objet imprimé, les notions de patrimoine immatériel et d’espace habité. S’étant intéressé au cours des dernières années aux savoir-faire employés traditionnellement pour la production domestique au tournant du XXème siècle et, par extension, aux modes de vie et coutumes ayant eu cours en milieu rural au Québec à la même époque, il désire, à travers ce cadre de recherche, développer de nouvelles matérialités par le biais de techniques anciennes, croisées à des outils technologiques (tirages par contact direct, sérigraphie). Au cours de ses deux semaines de résidence, il travaillera à la conceptualisation d’un corpus composé d’une dizaine d’impressions artisanales sur toile de formats variés. Les œuvres réalisées seront présentées dans le cadre de l’exposition Raconter-Rencontrer au MAC LAU du 3 juin au 21 septembre prochain.
À propos de l'artiste
À travers une pratique de la sculpture et de l'image, Jean-Michel Leclerc cherche à développer des espaces de mise en lecture de l’histoire. En privilégiant une approche alliant des champs d’intérêts divers (sciences historiques, études LGBTQ+, ethnobotanique) à des procédés techniques exploratoires, il questionne les fonctions énonciatives et symboliques de l'objet utilitaire et domestique et les idées de double et de savoir-faire traditionnel. Son travail a été présenté entre autres à l’Institute of Contemporary Art (Baltimore), au Centre Clark, à Arprim, à Adélard (Frelighsburg), au MOCA Toronto et dans plusieurs galeries privées. Ses œuvres se retrouvent dans diverses collections particulières et d’entreprises au Canada et en Europe. Il vit et travaille à Montréal/Tiohtà:ke où il étudie la flore laurentienne en plus de se consacrer à son travail de création.